Marie Steiner de Sivers- H Wiesberger
Marie Steiner de Sivers- H Wiesberger
une vie au service de l’anthroposophie.
Années d’adolescence en Russie
Peut-on trouver dans l’art le sens de l’existence? Rencontre et amitié avec Édouard Schuré
Importante correspondance avec le poète dont elle traduit en allemand certaines œuvres
Rencontre avec Rudolf Steiner, leur collaboration, soutien dans l’organisation des conférences, dans le domaine artistique, dans le domaine ésotérique
Traduction et mise en scène des Mystères de Schuré, prélude à l’élaboration et à la création du Drame initiatique moderne de Rudolf Steiner
La scène à Dornach, le Goetheanum
L’activité d’éditrice des œuvres de Rudolf Steiner. Sa correspondance permet de percevoir une activité allant jusqu’au sacrifice au service d’une épopée de l’esprit, au service de l’œuvre de Rudolf Steiner.
Extrait
Lettre de Schuré à Marie de Sivers
Barr, Alsace (sans date, mi-octobre 19001)
Mademoiselle, Votre lettre m’a vivement touché. La sympathie que vous voulez bien témoigner à mes œuvres et en particulier à mes deux drames, « Les Enfants de Lucifer » et la « Sœur Gardienne », est d’une qualité rare et de celles qui sont la plus intime et la plus précieuse récompense de l’écrivain. L’élévation de votre pensée et la délicatesse de vos sentiments vous rangent parmi ces âmes d’élite qui cherchent le sens de la vie au-dessus des destinées banales et des ambiances que nous impose la fatalité, pour s’élever à un idéal librement élu et résolument embrassé. C’est sans doute cette disposition d’esprit qui vous attire d’emblée vers mon « Théâtre de l’Âme », œuvre qui m’est chère entre toutes les miennes parce qu’elle résume tout l’effort de ma vie.
De cette sympathie si profondément sentie et si noblement exprimée je vous remercie de grand cœur et je suis tout disposé à vous accorder le droit de traduire cette œuvre en allemand.
Je n’ai pas voulu vous écrire sans avoir consulté mon éditeur qui est, par contrat légal, copropriétaire de toutes mes œuvres éditées chez lui. Je lui ai donc écrit en lui disant que je désirais vous donner l’autorisation de traduire ce livre sans exiger, en ce qui me concerne, aucun honoraire pour le droit de traduction. Je vous envoie sa réponse. Vous verrez qu’elle est toute favorable et conforme à mes propres sentiments. Il exige seulement un minimum de 100 francs comme droit de traduction de l’éditeur pour des raisons purement littéraires. Si vous persistez dans votre dessein de traduire le « Théâtre de l’Âme » je vous engage fortement avant d’entreprendre ce travail de vous assurer d’un éditeur allemand en lui montrant la lettre de M. Perrin. Car autrement il pourrait vous arriver de vous être donnée une grosse peine en pure perte. Il y a de longues années, Mme Aurelio Saffi se donna le mal de traduire mon « Drame musical » en italien sans prendre cette précaution et ne put ensuite trouver un éditeur. Je serais désolé que la même aventure vous arrivât. Si vous désirez préalablement me communiquer un fragment traduit des « Enfants de Lucifer » (selon votre proposition) je le lirai avec plaisir et vous en dirai mon impression. Les Slaves ont le génie de toutes les langues et, si vous possédez l’allemand aussi bien que le français, votre traduction ne pourra être qu’excellente.
Je vous remercie encore une fois de votre belle lettre. Je la conserve comme un précieux témoignage de sympathie et d’un bon augure en faveur de la réalisation scénique du « Théâtre de l’Âme ». Cette réalisation est problématique quant au présent et encore lointaine, mais je la poursuivrai jusqu’à mon dernier souffle par d’autres œuvres plus rapprochées du Théâtre contemporain pour préparer la voie à l’idéal posé dans les « Enfants de Lucifer » et dans la « Sœur Gardienne ».
Veuillez croire, Mademoiselle, à ma vive reconnaissance et à mes sentiments les plus distingués.
Edouard Schuré